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bulleJ Pour ou contre la chirurgie esthétique ?

 
 
Cette question est récurrente dans certaines émissions radio, certains articles de presse et dans l'esprit de nombre de personnes cherchant à se faire un avis pour eux-même ou pour un proche concernant la légitimité des interventions esthétiques.
Autant la chirurgie plastique et reconstructrice (réparatrice) ne prête guère à polémique et ne pose aucun problème éthique réel, autant la chirurgie esthétique pure, opérant des corps théoriquement sains, pose depuis sa création le problème du rapport bénéfice / risque des interventions sans bénéfice fonctionnel.
Il peut y avoir ambiguïté dans cette acception du terme "fonctionnel" dans la mesure où certains y intègrent les fonctions psychiques comme c'est le cas dans la définition de l'OMS qui considère que la santé correspond à un "bien-être physique, psychologique et social complet". Si l'on tient compte de cette dernière définition exigeante voire idéaliste, le nombre de personne en bonne santé doit être assez faible car il existe toujours, ici ou là, quelques motifs de ne pas être complètement bien dans son environnement ou sa "peau".
A une journaliste qui interrogeait Paul Tessier - grand nom de la chirurgie française - sur la compatibilité des deux chirurgies qu'il pratiquait, c'est-à-dire réparer des visages monstrueux (chirurgie plastique) et par ailleurs lifter des paupières (chirurgie esthétique), sa réponse fut : "Dans un cas, c'est ouvrir la vie sociale à des gens qui en étaient écartés par leur apparence monstrueuse, dans l'autre, c'est donner un peu plus d'assurance à des personnes qui en ont besoin pour mieux vivre dans leur milieu. Je n'y vois qu'une différence de degré..."
Tenant compte de ces éléments, et en particulier si l'on applique stricto sensu la définition OMS de la santé, on peut difficilement être contre la chirurgie esthétique en tant que telle... à la condition de l'inclure dans une démarche de prise en charge globale de la santé, notamment du point de vue psychologique et dans une totale transparence concernant les bénéfices et risques réels des interventions.

C'est ici qu'interviennent les critiques les plus fondées sur certaines pratiques esthétiques, critiques qui concernent principalement - sans être les seules - les indications et l'information délivrée au patient.

  1. mauvaises indications : par exemple, certains patients peuvent présenter une certaine fragilité psychique due à la traversée d'évènements difficiles et demandent un acte esthétique pensant que celui-ci va les aider à surmonter une estime de soi déficiente. L'intervention risque fort de ne pas donner le résultat attendu, voire de faire plonger dans des difficultés plus importantes. Plus largement, on peut se poser la simple question suivante : "pourquoi aurais-je besoin d'un lifting - ou autre intervention, alors que d'autres personnes dans un contexte similaire ne le font pas et semblent s'en porter fort bien...". Si la réponse est suffisamment structurée, si l'on a bien pris conscience des pressions sociales (modèle médiatisé), de la famille, du couple, des amis et de tous les éléments de son histoire personnelle - quitte à consulter un psychologue/psychiatre au moindre doute - alors pourquoi ne pas profiter, effectivement, des possibilités de la médecine et de la chirurgie esthétiques...
  2. défaut d'information : c'est le reproche le plus fréquent des déçus de la médecine et de la chirurgie esthétiques. On peut le comprendre dans la mesure où l'information est malheureusement trop souvent parcellaire, voire partiale puisque le plus souvent dispensée par les praticiens eux-mêmes, ces derniers pouvant être considérés comme juge et partie. Même s'il ne faut pas généraliser en la matière...

 

Autrement dit : oui à la médecine et la chirurgie esthétiques - quand ces conditions sont remplies - et non dans les autres cas...
 
Nous laisserons le dernier mot à Daniel Morel Fatio [1], l'un des fondateurs de la Société Française de chirurgie Plastique, qui résumait de façon lumineuse cette problématique complexe : "L'intervention dans les cas d'intenses réactions personnelles à une disgrâce réelle, a toute chance de libérer le sujet et on assiste souvent, tant sur le plan affectif que celui du travail, à un démarrage impressionnant après chirurgie esthétique. On ne peut pas dire qu'il y a inutilité dans ce cas [.....]Plus encore, la chirurgie esthétique pose un problème extrêmement ténu d'indications dans les cas limites, mettant lourdement en cause la responsabilité du chirurgien dans le refus ou l'acceptation de l'opération, puisque suivant le terrain, beaucoup plus que suivant la réussite objective de l'opération, cette dernière pourra tantôt aboutir à une libération qu'aucun acte thérapeutique n'eût atteint, tantôt elle aggrave le déséquilibre et peut le rendre irréversible."
Tout est dit.
 

[1] cité par Lucien Léger [Boutron J, Girond J, Guillemin G, Mouthon G, Pinel J, Sournia J-Ch, Varangot J, Leger L. - "Pratique-t-on beaucoup d'interventions inutiles ?" - Nouv Presse Med 1972; 11: 737-44. ]
 
 

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