Get Adobe Flash player
 
bulleJ Psy ou chir ?
 
 
abOct06-02 Une étude canadienne publiée cet été 2006 amène quelques éléments de réflexion sur le lien entre psychologie et chirurgie esthétique.
Une étude précédente portant sur la mortalité de 3521 femmes porteuses d'implants mammaires à visée esthétique avait montré que le taux de suicides était "anormalement" élevé. Selon les auteurs, "ces suicides ne sont pas liés directement aux prothèses mais au contexte psychique des patientes qui présenteraient une plus grande vulnérabilité".
Ce qui faisait conclure l'auteur par cette phrase : "si nous traitions d'abord les problèmes psychologiques et psychiatriques, alors peut-être certaines de ces femmes ne voudraient-elles plus de prothèses" (abstract en anglais).
Certaines patientes ne sont pas en accord avec cette interprétation de vulnérabilité pré-existante et mettent ces suicides sur le compte des problèmes rencontrés après mise en place des implants (réinterventions successives etc.), comme cette patiente ayant eu 14 implants en 18 ans... voir réactions à cet article (en anglais).
La nouvelle étude émane de deux chercheurs de la faculté de médecine de l’Université Laval, Jacques Brisson et Louis Latulippe.
Ceux-ci ont suivi pendant 14 ans un groupe de 25 000 femmes ayant reçu des implants mammaires, et un autre groupe de 16 000 femmes ayant subi une autre chirurgie esthétique. La majorité de ces femmes avaient été opérées au Québec, les autres en Ontario.
Les femmes ayant reçu des implants mammaires pour des raisons esthétiques ont un taux de suicide 73% plus élevé que la population générale.
 
Est-ce spécifique aux implants mammaires ?
Non, semble-t-il, puisque les femmes ayant subi une chirurgie esthétique d’un autre type ont elles aussi un taux de suicide 55% plus élevé que la population générale, ce qui montre que toute la chirurgie esthétique est concernée, et non pas seulement le sujet des implants mammaires.
 
Si l'on considère que ces résultats peuvent être appliqués à la France, il semble nécessaire que les praticiens et les patientes prennent certaines précautions avant chirurgie esthétique : au moins une - voire plusieurs - consultations avec un psychiatre ou psychologue permettrait de mieux cerner le contexte de personnalité, le degré d'estime de soi, la tendance suicidaire sous-jacente dans certains cas… quitte à différer l'intervention et / ou commencer un traitement de l'estime défaillante, de la dépression plus ou moins masquée...
Une telle consultation préalable et obligatoire avait été envisagée lors de la rédaction des décrets d'application de la loi de mars 2002 sur la chirurgie esthétique… mais sous la pression de certains ("c'est bien joli tout ça mais ma cliente ne reviendra pas de chez le psy" ou "nous chirurgiens sommes capables de déceler les cas limites à ne pas opérer"), cette option a été abandonnée.
Il est vrai que le France aurait été le seul pays à subordonner ce type d'intervention à un avis psychiatrique.
Pour autant, la chirurgie esthétique reste une chirurgie de l'estime de soi qui peut rendre bien des services quand l'indication - dont l'indication psychologique - est bien portée, la technique éprouvée, le praticien compétent, la réflexion suffisante, l'appréciation bénéfices / risques bien évaluée...
...et qui peut être dramatique dans les autres cas (abstract de l'étude en anglais).
 

Tous les informations concernant le "bon" choix du praticien, les différentes interventions
esthétiques (bénéfices et risques réels), les recours éventuels sont développés dans le cadre d'un abonnement à INFOESTH.
 
 
archivesEdit2