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GÉNÉRALITÉS MÉDECINE / CHIRURGIE ESTHÉTIQUE
 
En esthétique, la séparation médecine / chirurgie n’est pas toujours simple dans la mesure où certains médecins pratiquent des actes de chirurgie (lifting – réduction de tonsure…) alors que certains chirurgiens proposent des corrections considérée comme simples (= médicales) comme des peelings ou des injections d'acide hyaluronique.
 
Pour compliquer un peu les choses, les médecins esthétiques n’ont pas de statut reconnu ni formation réellement validée (il existe tout de même un DIU "Médecine Morphologique et Anti-Age" dont une partie est consacrée à la médecine esthétique), alors que les chirurgiens peuvent profiter d’une reconnaissance de la part du Conseil de l’Ordre des médecins s’ils ont parcouru un certain cursus de formation.
 
La concurrence entre les uns et les autres est parfois féroce. Si l’on rajoute le fait que les techniques et méthodes proposées ne font que rarement l’objet d’études poussées comme cela est le cas dans les autres domaines de la médecine, le profane peut se sentir perdu dans ce monde où se mêlent trop souvent médecine et marketing.
 

Quelques mots sur les évaluations en esthétique et ce qu'il faut en retirer pour la pratique :
Il est légitime que les médecins / chirurgiens esthétiques recherchent de nouvelles techniques ou produits afin d'améliorer les résultats dans ce domaine tout en diminuant les inconvénients (rejets / cicatrices / suites opératoires lourdes / complications…).
 
Là ou cela devient discutable, c'est quand ces essais se font sans le consentement clair ("éclairé") du patient.
Ainsi, lorsqu'un nouveau produit d'injection (rides) est commercialisé, celui-ci n'a généralement été testé que sur quelques dizaines de sujets pendant quelques mois, ce qui est scientifiquement insuffisant pour juger des résultats réels. Pourtant, des praticiens en esthétique, relayés par certains magazines féminins, vont proposer ce produit comme s'il avait toutes les caractéristiques d'un produit éprouvé. D'où d'éventuelles déconvenues ultérieures.
 
Témoignage de l'une de ces déconvenues...
 
Même constat concernant la chirurgie esthétique : nombre de chirurgiens innovent, tentent des variations techniques, ce qui est tout à leur honneur. Ils publient leurs recherchent dans des publications professionnelles telles que les "Annales de chirurgie plastique et esthétique" ou "Plastic and reconstructive surgery". Pour illustrer le propos, voici quelques titres d'articles récents de certaines de ces revues :
  • Une nouvelle technique chirurgicale personnelle pour la réduction de poitrine et le lifting (Aesthetic Plast Surg. 2000 May-Jun;24(3):206-11)
  • L'expansion cutanée a l'air, alternative a l'expansion au sérum physiologique : a propos de 30 cas (Annales de chirurgie plastique et esthétique. 2000 , Vol : 45 , Num : 4 , p. : 452 - 460)
  • Expériences de blépharoplastie supérieure par voie trans-conjonctivale (Arch Facial Plast Surg. 2000 Jul-Sep;2(3):213-6.)
Les techniques concernées dans ces études ne sont pas les plus éprouvées pour la correction esthétique demandée. On peut espérer que les patients concernés ont été dûment informés de leur caractère quelque peu spéculatif. Malheureusement, ce n'est pas le cas la plupart du temps. Ont-ils payé moins cher l'intervention du fait qu'ils ont pu servir de cobaye ? Probablement pas.
Autre exemple : les prothèses mammaires en silicone mises en place depuis plus de 40 ans n'ont fait l'objet de réelles évaluations que récemment. Dans les années 90, la FDA américaine (Food and Drug Administration) a dû mettre en demeure les fabricants de fournir les preuves scientifiques de leurs innocuité : ceux-ci n'ont pu fournir aucune étude suffisante, ce qui a conduit les autorités américaines (et françaises) à interdire ces implants. Que des études récentes aient pu montrer l'innocuité de ces prothèses concernant les maladies auto-immunes et le cancer ne change rien au constat que ces études auraient dues être pratiquées avant la large commercialisation que nous connaissons. D'autres part, ces implants étaient " vendus " en arguant qu'ils dureraient toute la vie : on sait maintenant que ce n'est pas le cas et qu'une ou plusieurs interventions ultérieures seront le plus souvent nécessaires afin de réparer les complications (coques / fuites / infections locales…) ou même l'usure mécanique de ces prothèses.
 
Comment vérifier que l'on ne sert pas de cobaye à son insu ?
Si le produit ou la technique n'est pas décrite dans le site INFOESTH et/ou n'est proposé que par un seul praticien, il y a tout lieu de se méfier - d'où l'importance de croiser les avis. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut s'en détourner systématiquement mais cette éventualité plus risquée (recul insuffisant) nécessite des précisions supplémentaires comme la demande de documents et d'articles sur ce produit ou cette technique, la rencontre de patients opérés...(cf. 1er témoignage de cette page)
Globalement, il faut s'enquérir auprès des praticiens du caractère éprouvé ou non du produit injecté, de la technique employée, de l'ancienneté de l'implant (cf. questionnaire type), quitte à accepter, en fin de compte, de faire partie d'une étude qui fera avancer la connaissance en esthétique tout en bénéficiant... mais dans des conditions clairement établies (information ++), dont un éventuel effort financier du côté du praticien ou du fabricant / laboratoire...
 
Enfin, comme vous le verrez dans les différentes rubriques du site, nous faisons référence à des études publiées afin de chiffrer, notamment, les incidences de complications des interventions. Il faut savoir que les chiffres publiés sont généralement bien en dessous de la réalité.
Ainsi concernant le pourcentage de "coques" (prothèses mammaires qui durcissent), Burkhard reconnaît passer de seulement 3 % de contracture inacceptable lorsqu'il examine ses patientes à 26 % lors d'un contrôle par d'autres praticiens... (Société Française de chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique - Implants mammaires - pages 158 et 160 - Rapport du XXXVI congrès - Octobre 1991).
Afin d'approcher la réalité, il faut donc probablement majorer globalement les chiffres concernant les risques et complications... et minorer ceux concernant la satisfaction des patients dans les études effectuées par les praticiens esthétiques !