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Pressions et normes sociales

Les modèles esthétiques sont, entre autres, culture-dépendants. Au Japon les sumos sont des dieux de beauté, suivant les régions en Afrique les femmes «girafe» ou «plateau» constituent l’archétype de la séduction, sans oublier les pieds atrophiés des femmes chinoises nobles…

Les tortures esthétiques ne sont pas l’apanage des cultures exotiques puisque la mode du corset a duré près de trois siècles en provoquant nombre de déformations thoraciques, fractures de côtes perforant poumons et rate… sans compter les fausses couches.
 
Par ailleurs, les critères esthétiques évoluent dans le temps sans qu’il soit toujours facile d’en expliquer les convulsions. La peur de grossir que nous connaissons actuellement n’est pas récente puisqu’elle existait déjà au XVIIIème siècle, alors que d’autres époques ont adulé la femme gironde comme un exorcisme de la famine et de la maladie.
 
Dans les années 60 est apparu un modèle de femme sans poitrine ni bassin ( = homme ?) du fait, peut-être, du choix des mannequins haute-couture par certains créateurs. Ceux-ci n’ayant pas toujours une véritable passion pour les femmes, ils ont gommé tout ce qui pouvait la rappeler.
 
Autant la poitrine généreuse a repris actuellement ses droits, autant les cuisses continuent de devoir être fines, d’où l’extraordinaire succès de la lipoaspiration qui est devenue la plus fréquente des interventions en chirurgie esthétique.
 
Le nez féminin des années 60 se devait d’être petit (un gros aurait une connotation «phallique») et retroussé pour donner l’air enfantin. Ce modèle n’a pratiquement plus cours et les chirurgiens, ainsi que leurs clientes, préfèrent actuellement des formes plus en adéquation avec le reste du visage. Cette évolution assez nette est en relation probable avec un changement de statut de la femme, celle-ci ne devant plus être nécessairement femme-enfant pour séduire.
 
Ces modèles sociaux, en constante évolution, voient apparaître depuis quelques années une nouvelle femme, virtuelle et inaccessible.
La publicité pour les bas DIM affichait, il y a quelque temps, une jeune femme torero dont la «perfection» résultait d’un montage savant : les jambes, très longues et fines (poupée BARBIE ?), provenaient d’un mannequin nordique, le buste d’une autre femme et la tête d’une jeune femme espagnole. Il existe ainsi des mannequins pour les mains, d’autres pour les seins, les jambes… le tout étant retouché ensuite par ordinateur.
Autrement dit, ce modèle inaccessible s’apparente à une sorte de schizophrénie sociale focalisée sur l’apparence, peut-être par manque de repères plus consistants. Les jeunes filles sont de plus en plus touchées par ce phénomène qui atteint des proportions inquiétantes notamment aux USA, au Brésil ou en Corée du Sud.
 
On pourrait penser que ces modèles sont l’œuvre de créateurs et / ou décideurs qui sont en décalage avec le souhait réel de leurs contemporains. Cette simplification serait abusive. Ainsi, lors du lancement d’un hebdomadaire féminin, l’équipe de journalistes se demandait s’il ne valait pas mieux choisir pour les pages «mode» des mannequins proches de la lectrice ciblée par le magazine (40 – 60 ans) plutôt que les tendrons habituels.
Après enquête sur des échantillons «représentatifs», il s’avéra que ces femmes n’avaient aucune envie de se projeter dans une consœur qui leur ressemblait...